Devant la gorge de Belleville, à gauche du secteur d'assaut. Dix-sept commandos et trois officiers, débarqués du seul des 23 landing-crafts prévus, mais dispersés par l'escarmouche navale, s'apprêtent à neutraliser, une heure durant, les trois canons de 170 de la batterie de Berneval qui menacent le débarquement central à Dieppe même. Mission accomplie, au prix d'un blessé. Rembarquement à 7 h 30.
4 h 50, sur les plages de Quiberville, à l'extrême droite du front, et 4 h 53, devant la valleuse voisine de Vasterival : 253 commandos entreprennent de grimper, en tenaille, jusqu'à la batterie du Mesnil, pour dynamiter avec succès les six canons de 155. Au prix de douze morts britanniques et d'autant de disparus. Rembarquement : 8 h 50.
Les unités alliées se sont rassemblées dans les cinq ports de Newhaven, Shoreham, Portsmouth, Gosport et Southampton. A bord, l'enthousiasme règne : il ne s'agit plus d'un de ces fastidieux exercices, mais d'une entreprise réelle. La météorologie est bonne. La traversée sera courte : entre 65 et 120 milles. Les chenaux sont balisés par des bouées lumineuses. La nuit est calme. L'obscurité enveloppe la route de convois silencieux qui ont levé l'ancre le 18 par « mer miroitant de mille feux sous le soleil couchant ».
Quand l'imprévisible éclate. 3 h 47 : des balles traçantes strient les ténèbres. Cinq caboteurs allemands, surgis de l'ombre, et croyant être tombés sur une patrouille de la Royal Navy, tirent de toutes leurs pièces pour se dégager. L'alerte, bientôt justifiée par d'autres renseignements concordants, est donnée à toutes les unités du secteur : mais on ne sait pas encore, à l'état-major de la 302e DI, dans quel contexte. Avant que les décisions prennent forme, les premiers des cinq débarquements auront commencé.